Einstein est d'actualité en ce moment
Vu sur futura sciences :
Retard des horloges : un test donne – encore – raison à EinsteinLa relativité générale
a fait l’objet de multiples tests mais il en est un dont la précision
n’avait pas été améliorée depuis 1976. C’est chose faite grâce à l’interférométrie atomique basée sur
des atomes
de césium. Dix mille fois plus précise, la mesure de l’effet du champ
de gravitation d’un corps sur
l’écoulement du temps confirme à
nouveau la théorie d’Einstein.L’une des premières prédictions de la théorie
relativiste de la gravitation d’Einstein est que le temps s’écoule plus
lentement à la surface d’un corps céleste qu’à grande distance de lui.
L’effet est d’autant plus important que le champ de gravitation est
fort. Une blague bien connue des astrophysiciens relativistes est de
dire qu’il vaut mieux ne pas prendre ses vacances sur une étoile à neutrons
car on court (entre autre) le risque de revenir en retard à son lieu de
travail.
Ce phénomène de décalage du rythme des horloges avec
l’altitude par rapport à la surface d’un astre, comme par exemple la Terre, se
traduit aussi par un décalage spectral de la lumière
vers le rouge quand elle quitte une planète ou une étoile. Inversement, la fréquence d’un photon tombant en direction de la
surface de ces astres apparaîtrait décalée vers le bleu pour un
observateur au sol. Une prédiction précise de ce décalage avait été
tirée de la théorie de la relativité générale et comparée une première
fois de façon fiable en 1959 et les années suivantes par Pound et Rebka à l’Université de Harvard. Plus tard,
l’effet de décalage a été testé plus précisément à l’aide d’une fusée
en 1976 par Vessot et ses collègues. Il s’agissait de l’expérience
Gravity
Probe A, l’ancêtre en quelque sorte de
Gravity Probe B (qui teste d’autres prédictions de la relativité générale).
Augmenter la précision des tests de la relativité générale pourrait montrer
des désaccords entre ses prédictions et l’expérience et ainsi nous
aiguiller en direction d’une nouvelle physique dont nous manquons
cruellement pour résoudre des énigmes comme celles de la matière noire ou de l’énergie noire.
C’est pourquoi les résultats de l’expérience réalisée par Holger Müller, Achim Peters et le prix Nobel de
physique Steven Chu, publiés dans
Nature, sont intéressants,
même s'ils sont d’une certaine façon négatifs.
Ces chercheurs, passés maîtres dans la technique de
l’interférométrie atomique, ont en effet gagné un facteur de 10.000 en
précision par rapport à l’expérience
Gravity Probe A. Mais
aucun désaccord avec les prédictions de la théorie d’Einstein n’a pu
être détecté. Ce genre de résultat est tout de même précieux pour
contraindre les paramètres dans des théories concurrentes proposées pour
décrire la courbure de l’espace-temps,
responsable de la gravitation.
Le principe de l’expérience consiste à utiliser des
faisceaux d’atomes de césium. Du fait des principes de la mécanique quantique,
des particules, comme des électrons, présentent un aspect
ondulatoire qui décrit leur mouvement et leur localisation dans
l’espace et le temps pour un observateur classique. Il en est de même
au-delà de cette échelle pour un édifice suffisamment petit, constitué
de telles particules. C’est bien le cas des atomes et même des molécules. On sait
d'ailleurs obtenir interférences et diffractions
à l'aide d'atomes depuis près de 80 ans.
Et encore ca !
Einstein autrement : une
interview posthume en 7 questions
Venu du passé grâce à la dilatation du temps, Albert Einstein a
accordé à Futura-Sciences une interview (exclusive, forcément exclusive)
et répond à une série de questions sur la science, la société et la
religion. Bien sûr, il y a un truc. Mais si l'on considère les choses
dans l'absolu, cet entretien est relativement vrai.
En 1922, l’Académie des sciences boycotte la visite
d’Einstein en France. Son Secrétaire perpétuel, le mathématicien Emile Picard, a des mots assez durs
sur la « géométrisation de la physique » qu’induirait la théorie de la relativité. De leur côté, des
philosophes comme Bergson ou Maritain voudront interpréter la théorie
physique de la relativité à l’aune de leurs propres théories
philosophiques, en faire une métaphysique, ce qu’elle n’est pas.
Au-delà de l’intuition d’Einstein, sa théorie sur la
relativité n’a pas échappé aux pires critiques, notamment de physiciens
de seconde zone. Deux Allemands, Lenard et Starck, nobélisés, ne se
distinguent pas par la qualité de leur argumentation. Ils sont en fait
davantage guidés par une idéologie politique (en l'occurrence pro-nazie)
qui déborde le cadre scientifique. Qu’en pense l’intéressé ? Il répond
indirectement notamment sur la bêtise et les « moutons »...
Voici une interview du génial physicien, imaginaire
bien sûr mais basée sur d’authentiques citations et commentaires
d’Einstein lui-même, tirés, en particulier d’un de ses livres paru en
1934, Comment je vois le monde.
Einstein en 1925.
L'homme est alors déjà connu pour sa théorie de la relativité. Pour
celles et ceux qui souhaitent une petite révision, une amusante vidéo
explique simplement ce que représentent un temps et un espace relatifs.
Deutsches Bundesarchiv
Futura-Sciences : Quel est le plus beau
sentiment que l’on puisse éprouver ?
Albert Einstein : Le plus beau
sentiment que l'on puisse éprouver, c'est le sens du mystère. C'est la
source de toute vraie science. Celui qui n'a jamais connu cette émotion,
qui ne possède pas le don d'émerveillement, autant vaudrait qu'il fût
mort : ses yeux sont fermés.
FS : Vous arrive-t-il de cesser de penser
consciemment, quand vous dormez par exemple ?
Albert Einstein : Je ne dors pas
longtemps, mais je dors vite. C'est le devoir de chaque homme de rendre
au monde au moins autant qu'il en a reçu. Si vous faites allusion aux
pensées en général, disons qu’il est plus difficile de désagréger un
préjugé qu'un atome.
FS : L’existence de Dieu vous semble-t-elle
probable ?
Albert Einstein : Définissez-moi
d’abord ce que vous entendez par Dieu et je vous dirai si j'y crois. Je
pourrais vous dire aussi que le hasard, c'est Dieu qui se promène
incognito. Enfant, j'ai reçu une instruction tant biblique que
talmudique. Je suis juif mais l'image rayonnante du Nazaréen a une
influence puissante sur moi. Personne ne peut lire les évangiles sans
éprouver la présence réelle de Jésus. Sa personnalité ressort de chaque
mot. J’imagine un petit enfant qui entre dans une immense librairie
emplie de livres écrits en de nombreuses langues. L'enfant sait que
quelqu'un a dû écrire ces livres. Il ne sait pas comment. Il ne comprend
pas les langages dans lesquels ils sont écrits. L'enfant suspecte
vaguement un ordre mystérieux dans l'arrangement des livres mais ne sait
pas ce que c'est.
Là, il me semble, est l'attitude même de la plupart
des êtres humains intelligents envers Dieu. Nous voyons l'univers
arrangé merveilleusement et obéissant à certaines lois, mais ne
comprenons seulement que vaguement ces lois. Ainsi, il est hélas devenu
évident aujourd'hui que notre technologie a dépassé notre humanité. En
fait, ce qui m'intéresse vraiment c'est de savoir si Dieu avait un
quelconque choix en créant le monde.
FS : Quelle idée vous faites-vous de l’homme
tel que vous le rêvez ?
Albert Einstein : Ceux qui aiment
marcher en rang sur une musique, ce ne peut être que par erreur qu'ils
ont reçu un cerveau...
Une moelle épinière leur suffirait amplement. Pour être un membre
irréprochable parmi une communauté de moutons, il faut avant toute chose
être soi-même un mouton Deux choses sont infinies : l'univers et la
bêtise humaine. En ce qui concerne l'univers, je n'en ai pas acquis la
certitude absolue. Il devient indispensable que l'humanité formule un
nouveau mode de pensée si elle veut survivre et atteindre un plan plus
élevé.
FS : Science et conscience peuvent-elles
conduire à la désobéissance ?
Albert Einstein : D’une certaine
manière oui, même si l’erreur guette. Pour moi, une personne qui n'a
jamais commis d'erreurs n'a jamais tenté d'innover. Il faut aussi se
souvenir de ce principe : ne fais jamais rien contre ta conscience, même
si l'État te le demande. En fait, nous sommes trop conditionnés : rare
sont ceux qui regardent avec leurs propres yeux et qui éprouvent avec
leur propre sensibilité. La vraie valeur d'un homme se détermine d'abord
en examinant dans quelle mesure et dans quel sens il est parvenu à se
libérer du Moi. La possession de merveilleux moyens de production n'a
pas apporté la liberté, mais le souci et la famine.
FS : Quelle est votre approche de la théorie
et la pratique en sciences ?
Albert Einstein : Soyons clairs, au
plan de la réflexion scientifique, si l'idée n'est pas a priori
absurde, elle est sans espoir. Pour moi, inventer, c'est penser à côté.
Quant à la théorie, c'est quand on sait tout et que rien ne fonctionne.
La pratique, elle, c'est quand tout fonctionne et que personne ne sait
pourquoi. Evidemment, si la pratique et la théorie sont réunies, rien ne
fonctionne et on ne sait pas pourquoi. Cela dit, C'est la théorie qui
décide de ce que nous pouvons observer. Toutefois, il faut admettre que
nous devrions être sur nos gardes et ne pas surestimer la science et les
méthodes scientifiques quand il est question de problèmes humains. Nous
ne devrions pas supposer que les experts sont les seuls à avoir le
droit de s’exprimer sur des questions relevant de l’organisation de la
société.
FS : Redoutez-vous des excès dans la
recherche, comme dans certaines applications militaires du nucléaire que
vous avez voulues puis regrettées ?
Albert Einstein : Comme je vous
l’ai dit, il est hélas devenu évident aujourd'hui que notre technologie a
dépassé notre humanité. Pour moi, l’homme et sa sécurité doivent
constituer la première préoccupation de toute aventure technologique.
J’ajoute qu’il faut relativiser le niveau auquel on doit se situer en
tant que chercheur. Ainsi, le monde que nous avons créé est le résultat
de notre niveau de réflexion, mais les problèmes qu'il engendre ne
sauraient être résolus à ce même niveau. Pour résumer, le souci de
l'homme et de son destin doit toujours constituer l'intérêt principal de
tous les efforts techniques. Ne jamais l'oublier au milieu des
diagrammes et des équations.
N’oublions jamais que l’Etat est notre serviteur et nous n'avons pas à
en être les esclaves.